Guy Ménard: Tu roules à toute vitesse, en vélo ou en VR, tu
manges n'importe quand. Tu dors en rebondissant sur une couchette de caravane
qui roule quelque part, dans la nuit. Tu prends un café, une bouteille d'eau,
une gorgée de Gatorade, un Coke, une autre bouteille d'eau... n'importe quoi
pour te réveiller, te réhydrater ou les deux. Ta vie est définie par l'heure de
la prochaine étape, la présence des douches / toilettes, la nécessité d'avoir un coéquipier qui
va aller chercher ceux qui arrivent de l'étape, de gonfler les pneus et vérifier
l'état de la chaîne. Puis, tout s'arrête, il n'y a plus personne qui
t'applaudit à deux heures du matin, sur un coin de rue au milieu de nulle part,
plus aucun bénévole à qui dire un énorme merci en espérant qu'il va se
répercuter sur tous ses collègues, plus aucun policier à qui faire un
"hi-five" avec un grand sourire parce que le gars est en train de
fondre sous un soleil de plomb à s'assurer que tu pourras passer à toute allure
sur un feu rouge.
Corde à linge post-GDPL |
C'est lundi... le lendemain du Grand Défi. Les kits de vélo
sont sur la corde à linge.
Ben oui, c'est
toujours comme ça. L'impression de passer tout à coup à la vitesse "ben
ordinaire" après la bousculade "veux-tu ben me dire qu'est-ce qui se
passe" qu'est le Grand Défi.
Ma dernière entrée de blogue, dimanche, vous laissait dans
le stationnement des VR à Saint-Hyacinthe. Nous étions à la veille de partir,
Denise et moi pour la dernière étape officielle, jusqu'à Boucherville, avant de
faire la ballade de fin de Défi, une vingtaine de kilomètres jusqu'au Stade olympique.
Que du bonheur, sous un énorme soleil, un vrai beau tour jusqu'à Boucherville,
peloton discipliné et très placoteux!
Arrivée avec gros appui du public à Boucherville et
redémarrage quelques minutes plus tard, cette fois-ci avec l'équipe au complet,
en une belle ligne de 5 qui ont vécu la même aventure et en sont fiers. On
traverse le pont Jacques-Cartier qui à ce moment-là appartient à un fou à
bicyclette et quelques 900 de ses amis, on remonte Notre-Dame, Pie IX sous les
vivats et on entre sur l'esplanade du Stade, bruyante des applaudissements de
milliers de jeunes, moins jeunes, membres des familles, amis.
Toujours sous le soleil, se suivront: quelques porte-parole
de commanditaires qui ont parfois la bonne idée de faire aussi bref que
possible, un animateur qui a mal jaugé l'événement (voir plus bas) un F-18 qui
fait un très spectaculaire virage sur l'aile au-dessus du stade (si vous étiez
au départ au Saguenay, vous savez que c'est pour fermer la parenthèse de ses
confrères qui nous ont salués lorsque nous sommes partis) et finalement, sans
voix, peinant pour marcher, Pierre Lavoie lui-même, reçu sur le tapis rouge par
son adorable fillette, une minuscule blonde qui, dans le domaine du "cute"
est presque hors catégorie!
Quand toutes les cérémonies officielles sont terminées, il
reste le BBQ, le bar (que de la bière ultra légère, oui m'sieu) et surtout la
fraternité entre les membres de l'équipe, de l'équipe élargie par la famille et
les amis, et très élargie par les membres des autres équipes, des gens qu'on a rencontrés
sur la route, dans le peloton ou dans le village des VR et bien sûr, et
surtout, des bénévoles, à qui nous sommes infiniment redevables.
Après quelques heures, on sort du Stade, médaille au coup et
on retourne vers la vraie vie, incluant le trafic et les travaux sur les ponts!
Pour conclure, comme le veut maintenant la coutume, quelques
observations en vrac:
L'équipe
C'était la première année d'Olympe vélo 2.0, avec les départs
des cyclistes de la première heure. Denise, Danny et Sébastien ont bien assumé
la relève et poussé les vétérans que Pierre et moi sommes devenus. Parmi les
notes sur chacun, notons la gentillesse constante et les spectaculaires mollets
rouges "coup de soleil" de Sébastien, un rouquin dans toute la force
du terme; l'appétit constant et la bonne humeur de Danny (et ce gars continue
de perdre du poids! Faut dire qu'il a pédalé 500 km pendant le week-end, ça
creuse un peu) et la résistance de Denise qui s'est accrochée et a tenu bon
quand le peloton s'emballait et roulait à 40 km/h. Tous du bon monde, tous
gentils et le genre avec lequel tu peux vivre 72 heures dans un VR sans
problème de cohabitation. Quant au
chauffeur Éric, complètement impliqué dans l'affaire, il a pris soin de sa gang
et s'est assuré avec brio de nous rendre à bon port en bonne forme et dans les
temps requis.
Port du casque
Obligatoire sur vélo, pourrait devenir obligatoire dans le
VR, si on se base sur un réveil particulièrement difficile pour Pierre qui
s'est cogné la tête à plusieurs reprises.
La censure nous empêche de faire mention du vocabulaire qui a souligné
les incidents!
Les rencontres Colnago
Je roule sur un Colnago. Il se crée une confrérie entre
cyclistes qui roulent sur une même marque. Ne serait-ce que parce que dans le
Défi, compte tenu de la proportion importante de Saguenéens-Jeannois et de fans
de Pierre Lavoie, il y a une énorme présence de Devinci. Alors les autres...
Bref, quand on rencontre un collègue utilisateur de la même
marque, on se salue. Parmi les "rencontres Colnago" de cette année:
- À Alma, une cycliste de la Banque Nationale qui me dit
comme une petite fille: "quand je vais être grande, j'aimerais ça en avoir
un comme ça" (ça ne s'invente pas!)
- Entre Alma et Dolbeau, un Colnago qui me rattrape et me fait
signe de regarder le troisième cycliste de la ligne, lui aussi sur Colnago.
Jamais vu autant de vélo de la marque en dehors de la boutique.
- Entre St-Hyacinthe et Boucherville, quelqu'un à l'arrière de
moi me crie qu'il aime mon modèle et possède une version différente. En jasant,
le gars vient du Lac comme moi et à une blonde à Chambly (ma ville). Il m'a
laissé son adresse, on devrait se voir un de ces quatre.
- À l'entrée dans le Stade, arrêté pour les discours, je
vois devant moi, le vélo jumeau du mien! Enfin presque. En aluminium celui-là, mais
lui aussi aux couleurs de l'équipe pro Mapei. Très rare.
Québécor...
Je sais que la couverture média c'est fondamental, je sais
que l'échange publicitaire fait partie "de la game" mais, Québécor,
est-ce qu'on pourrait mettre la pédale un peu plus douce? Les équipes Québécor
à l'animation, Julie sur grand écran au départ, les interviews par les
animateurs Québécor des vedettes Québécor avant chaque étape. On a parfois
l'impression que c'est le Grand défi de Pierre Karl, mettant en vedette, dans
l'ordre, PKP, les vedettes des émissions de ses stations et ensuite un certain
Pierre Lavoie et quelques centaines d'équipes de figurants cyclistes.
Une fois arrivés au Stade on a eu droit à l'animation par
une vedette de Québécor, à la présentation des vedettes de Québécor et même à
quelques blagues éculées sur les renouvellement de contrat des dites vedettes.
Ne manquaient que Claude Poirier, les tatas d'Occupation double et quelques
farces plates entre Pierre Bruneau et Colette de la météo!
Des fois, moins c'est mieux. Des fois, moins, c'est un peu
classy...
Denise et Marie
Ça aurait valu la peine juste pour cette scène. Marie-Lyne
qui pleure comme une Madeleine sur le long du parcours réservé aux familles à
l'arrivée dans le Stade, moi qui dit à Denise qu'elle peut aller la voir, elle
qui me laisse son vélo, fonce à travers le peloton et saute dans les bras de
"sa biche". Je soupçonne une forte proportion de personnes qui ont eu
"une poussière dans l'oeil" autour d'elles. Marie dit qu'elle n'a
jamais été aussi fière de ses parents. Ça vaut bien 1150 km, non?
Et moi?
J'ai dit à quelqu'un que je voulais un jour pédaler la
montée du Parc. C'est l'étape reine du Défi. On m'a joué un tour et je l'ai
fait de nuit (Samedi, de 02h00 à 06h00). C'était mon objectif personnel, mon
défi à moi. Honnêtement je ne l'ai pas trouvé facile. Bien préparé, mais je
crois que le froid m'a rattrapé. À l'arrivée j'en ai eu pour une heure dans un sac
de couchage avant de recommencer à avoir chaud. Mais je l'ai fait!
Quatrième Défi, toujours différents, mais on passe toujours
par les mêmes moments. Avant, on vient un peu las de l'intensité de
l'entraînement, on croit être prêt... et puis ne plus être prêt du tout. On en
a plein le casque des activités de financement. Pendant, on roule et on a mal
au dos, au cou, aux épaules, au derrière, souvent tous en même temps. On dort
peu et mal, on mange peu et un peu mieux. Bref, on ne nous y reprendra plus!
Et on passe le fil d'arrivée et on se surprend à commencer
des phrases par "si on le refait", "l'an prochain si..."
Le numéro de coureur 136A est allé rejoindre ses collègues au-dessus
du vélo. La bécane devrait reprendre du service ce week-end après quelques
jours de repos.
À l'an prochain. Si...
Félicitations Guy ! À toi et à toute l'équipe Olympe. Toujours un plaisir de te lire et de suivre vos aventures. J'ai eu un petit frisson d'émotion en lisant le passage des retrouvailles de Denise et Marie-Lyne...
RépondreSupprimerBon repos !